MA VIE EST UN ROMAN

UNE ENORME ENVIE !

Ce dont je vais vous entretenir aujourd’hui va vous sembler pour le moins confus, mais c’est pourtant le sentiment qui me domine actuellement : envie et frustration. Oui, j’ai une ENORME ENVIE d’en découdre une fois de plus avec le roman. Après cette comédie romantique qu’est Son parfum, ce texte plus personnel qu’est Perso (encore en souffrance de publication), j’ai de drôles de démangeaisons. Hier soir, elles m’intimaient l’ordre de m’attaquer à un thriller, dans le genre sanguinolent. Etrange, non ? Moi qui suit si peu consommateur de ce genre de livres... Que sera-ce demain ? Je l’ignore encore. Ce qui est certain c’est qu’au final la frustration domine. Les idées se bousculent, les intriguent se nouent, les rebondissements pleuvent... et ne n’ai pas la queue d’une minute pour m’y mettre sérieusement. Le plus étrange, le plus paradoxal mais aussi le moins compréhensible pour qui ne partage pas mon sort « d’écrivant », c’est que c’est justement parce que j’écris jour et nuit, parce que je noircis chaque année des milliers de pages, que je ne trouve pas le temps nécessaire à guérir par le « mal » (d’écrire) ce prurit permanent. Qui sait donc si en 2006 j’aurai le temps nécessaire à un seul roman... sanguinolent ou pas !

ENFIN UN COURAGEUX !

Eh bien voilà, à force de multiplier les appels, un jeune apprenti auteur s'est manifesté et a accepté de livrer ici, sur ce blog, le fruit de ses dernières insomnies. Bravo et merci à Sébastien, alias Erogène, dont je retranscris ici ( sans modifications) le texte, in extenso Evidemment ce texte bucolo-bukowskien n'engage que son auteur, et vos réactions (à lui destinées) sont les bienvenues ;-)

SALOPERIE DE MASSIF CENTRAL

 "J'étais planté en plein milieu de la France, juste au bord de cette saloperie de massif central, le soleil me tombait droit sur la tronche et cette nana commençait à me courir sérieux. Je lui avais bien, un soir, planté quelques tiges de coquelicots dans le trou du cul, et c'était chouette, vraiment, sous la lune, son cul blanc transformé en pot de fleur, mais à pars ça, pas grand chose. Elle me rendait malade. Malade des nerfs.

toute la journée je tournais tel un fauve autour de la tente, je grimpais un chemin foireux et plein de caillasses, j'en descendais un autre tout aussi chiant, et rien à foutre qu'à l'écouter déblatérer sur les relations merdiques qu'elle entretenait avec son père. J'avais qu'une envie: rentrer sur paname. Et vite. La nature me bouffait tout cru. la nature me ravageait, en grand, telle cette bon dieu de rivière qui coulait à nos pieds et qui ne servait à rien d'autre qu'à me bousiller le sommeil, parce que putain, impossible d'y plonger l'orteil, ça descendait tout droit des montagnes, et c'était gelé été comme hiver, et merde!

Le troisième jour, j'ai pas cousu dans la dentelle, du tout. Elle est montée faire des courses au village et j'en ai profité pour démonter la tente en deux temps trois mouvements... enfin non, je veux dire que j'ai explosé la tente à grands coups de lattes, fait mon sac, et puis je me suis tiré par la grand route. Mais c'était pas une solution. Au bout de

3 kilomètres

, j'ai commencé à transpirer sévère. Le ciel me fondait sur le haut du crâne et pas la moindre ville en vue, encore moins une gare. J'étais lessivé, au bord de

la défaillance. J'ai

pensé à Bukowski, John Fante, Djian, et d'autres, j'ai pensé que oui, c'était foutu, bel et bien foutu, des grands écrivains, y'en aurait plus jamais, ça m'a soudain sauté aux yeux, plus vrai que nature, la littérature c'était pris ça dans le fion façon Terminator, ce torrent de merde qu'on nous injectait tous les jours dans les yeux, il avait tellement enflé, tellement grossi depuis disons, disons le disco, qu'on roulait dans la vie comme des galets pourris au fond d'une vague géante.

 J'ai pas poussé plus loin, j'ai fait demi-tour. J'ai retrouvé la tente telle que je l'avais laissée. Explosée. je l'ai remontée vite fait et je me suis posé devant l'entrée. Je me suis dit que j'allais pas faire comme tous ces cons, je me suis dit que j'allais pas écrire un roman, je me suis dit que j'allais tenter aut'chose. un truc du genre qui se lit entre deux rames de métro. Ouais, c'était ça la solution.

Transformer toute cette putain de littérature en bonbons Haribo.

J'ai aperçu Hélène qui descendait la rue, tout sourire, un sac de bouffe dans chaque main. C'était plutôt une belle nana. Avec des seins, avec des hanches, avec quelque chose de chouette au fond des yeux. Avec des cheveux rose punk. J'avais de la chance, ouais, une veine du tonnerre de dieu, nom de dieu!"

AVIS A LA POPULATION

Et si à votre tour vous vous lanciez ?! Oui, oui, vous avez bien lu. Je ne vous propose rien moins que de soumettre, à votre tour, votre prose (ou vos vers) aux yeux des visiteurs de ce blog. Après tout, on est dans l’échange ou non ?? Allez, un peu de courage, vous verrez, ce n’est pas si terrible. Merci donc, plutôt que de les déposer en commentaires, invisibles au premier clic, de m’adresser vos textes (20 lignes maxi), que je me ferai un plaisir de reproduire ici. Et pour les que les choses soient tout à fait équitables, je ne manquerai pas d’y aller moi même de ma petite note de lecture. Oh, bien sûr, ça vaudra ce que ça vaudra (mon commentaire, s’entend), mais accordez-moi malgré tout ce petit privilège.
Alors qui a le courage ? Qui s’y colle le premier ou la première ?
Pour m'envoyer vos textes : [email protected]

APRES LE SPECTACLE

Non, rassurez-vous, je ne tire pas le rideau de ce blog, loin de là. Je souhaitais juste
Le lever sur le premier roman de Francis Leplay, comédien plus que talentueux que vous avez pu apercevoir notamment dans Rois&Reine d’Arnaud Desplechin. Francis fait partie de notre petite communauté de primo-romanciers et, s’il n’entretient pas de blog, il en  est un lecteur fidèle et attentif.
J’ai eu le plaisir de lire Après le spectacle avant qu’il ne paraisse, ces jours-ci (aux éditions du Seuil). Que vous dire, si ce n’est que n’avais rien lu d’aussi sensible depuis… je ne sais même plus quoi. Pas besoin d’être comédien, pas besoin d’avoir contribué au mouvement des intermittents du spectacle en 2003-2004 pour adhérer à sa petite musique, qui mêle l’intime et le public, tensions sociales et morales. Il suffit sans doute d’avoir aimé, d’avoir souffert d’aimer, d’avoir eu le sentiment une fois dans sa vie « d’aimer au-dessus » de ses moyens pour sortir bouleversé de ces pages-là.
Merci Francis, quant à vous tous vous, vous savez ce qu’il reste à faire pour qu’Après le spectacle ne soit pas qu’un magnifique coup d’essai.

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WELCOME TO INSOMNIA (PART 2)

Et si Insomnie était le pays ou Elle vit ? Rien de sûr mais je constate quelques échos des signes, cette nuit. Plus de news sur le Mexique. Un livre sur les Parfums qui m’a été adressé et que j’ouvre à l’instant. Comme l'impression de lasentir sous mes doigts. Ne trouve-t-on, en Insomnie, que ce l’on est venu chercher ?

Allez, retour au lit, « retour à moi » comme dit certain chanteur....

WELCOME TO INSOMNIA

Je vous écris de mon insomnie. Contrairement à une idée reçue, l’insomnie n’est pas un temps volé à la nuit, c’est un pays. On y débarque par effraction et sans jamais bien savoir comment on est arrivés là. En Insomnie, tout est noir et les objets sont des ombres qu’on repousse à tâtons. En Insomnie, on a vite fait de s’ennuyer si on ne s’invente pas des règles du jeu. Taper sur son clavier par exemple. Pas étonnant qu’Insomnie soit la destination préférée des auteurs.

Je ne vais pas vous la jouer « j’écris mieux la nuit ». Ce n’est pas vrai. Je suis un homme du jour, et je n’écris jamais « mieux » (je parle productivité, bien sûr, la qualité....) qu’en fin de matinée ou en début de soirée, vers 17h. Mais la nuit, éveillé, il se passe d’autre choses. Ce n’est pas tant le moment des pages et des pages, c’est celui des idées de traverses, des rebondissement inespérées, des solutions qu’on attendait plus, des titres à se tordre de rire et que, bien souvent, on jettera sans même y penser au matin. On en revient d’ailleurs comme d’un voyage éclair en pays étranger : fatigué et transformé, équipé d’un regard différent, lesté de souvenirs, emballé de phrases et de tournures inédites. Pour cela, je ne troquerais contre rien mes insomnies. Je leurs dois par exemple l’intégralité d’un roman bref écrit l’an dernier (et encore en quête d’éditeur, au fait, et j’en profite pour lancer le message au passage).

Ceci dit, je ne peux donc que vous souhaiter le plus mauvais des sommeils, et la plus belle des nuits.

MON CLAVIER CONTRE UN CRAYON

J’ ai passé une partie de matinée à jeter un œil à la crème des BD-Blogs français, après avoir feuilleté le premier BD Blog porté sur papier, celui du désormais célèbre Frantico. Pourquoi n’ai-je donc pas appris à crayonner plutôt que scribouiller ? Franchement ? En quelques cases, en quelques strips, ces gus-là (et gazelles, désolé mesdemoiselles) en disent plus que nous, pauvres romanciers, en plusieurs centaines de pages. J’envie leur humour, leur art de la synthèse, les chutes souvent imparables. Enfin, il semblerait que leur difficulté à se faire éditer dans des conditions décentes soient à peu égales aux nôtres. Alors... Même mépris, mêmes vexations, même dilution dans le talent des autres. Je suis stupéfait de voir combien de dessinateurs sont réellement talentueux. Il en va de même en littérature. Vous avez remarqué ? C’est terrible tous ces anonymes qui écrivent comme des dieux ! Comment voulez-vous briller avec cette syntaxe impeccable qui déboule de partout ? 80% au Bac moi je vous le dis, ça n’a pas que du bon... Et puis tous ces intellos précaires, diplômés jusqu’à la nausée et qui n’en foutent pas une de leur journée, que font-ils à votre avis. Ils écrivent ! Ils écrivent ces damnés ! Alors que faire ? S’inventer du génie (ça se saurait) ? Ne plus écrire ou ne plus dessiner ? Ecrire mal... tiens oui, écrire mal, ça se tient ça. Avec un peu de chance on me prendra pour un pauv’ petit gars méritant qui a appris à lire en écrivant ses mémoires. Je passerai dans les 5 dernières minutes du 13h et Elise Lucet me demandera comment ça fait d’écrire aussi mal. On m’invitera dans les collèges de  ZEP pour témoigner. « Vous aussi, vous aussi vous pouvez écrire n’importe comment et être publié ». Une télé me proposera de présenter la « Plume Academy ». On invitera Marc Levy pour donner les cours de littérature générale et Guillaume Durant expliquera aux élèves comment avoir l’attitude justement subversive dans les émissions littéraires. Non vraiment c’est décidé. Dès demain j’écris comme un porc. J’appelle Dali pour qu’il me rende mon manuscrit et que je rechie ça à la truelle.