... Je me suis toujours demandé pourquoi Henri Salvador puis Yves Montant avaient miaulé de la sorte, de cette façon si suave et qui ne tient vraiment qu'à cette chanson là, à propos de Syracuse. Comme je reviens d'une semaine de vacances (si, c'est possible !) en Sicile, je comprend enfin un peu mieux le pourquoi de ce feulement à faire pâlir Sinatra et Dean Martin réunis.
Syracuse - enfin non d'ailleurs, Ortigia, la presque-île collée à Syracuse - est vraiment splendide. Concentré d'Italie du Sud sur une surface proche de Concarneau ou St Malo intra-muros. Débordement de vieilles rues lépreuses juste ce qu'il faut, d'églises fraîchement restaurées et de remparts grecs dûment ceinturéz. Mais le plus suprenant, c'est que cette splendeur jouxte un centre-ville proprement hideux, tel que je m'imagine la plus pouilleuse des métropoles sud-américaines. Autre particularité étonnante : comme Ortigia la belle déborde de cafés et restaurants sur ses placettes charmissimantes, la ville des "vrais gens" en est proprement dépourvu. Pas même un rade sur ce qui apparaît pourtant comme le port de plaisance de cette cité de bord de mer. Première fois de ma vie que je tourne pendant près d'une heure, autour de 12h30, dans une ville de moyenne importance, pour dénicher, de guerre lasse, un vague café susceptible de réchauffer une part de pizza au micro-ondes... Pas un seul restau ouvert. Un sicilien très affable eut d'ailleurs toutes les peines du monde à m'indiquer le chemin menant à une Trattoria ouverte, apparemment assez loin, aux confins de la ville.
Rarement je n'avais ressenti aussi fortement cette sensation doublement affligeante d'une vie touristique, propre et prodigue, qui jouxte l'autre, la vraie, en se gardant bien de jamais la toucher. Pas la peine d'aller au cinéma, Matrix est déjà là, et cela s'appelle le tourisme...
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