Je vous dois un aveu : la note postée hier sur ce blog à propos du prix Goncourt, je l’ai également déposée sur le blog collectif auquel je participe et que vous connaissez peut-être, j’ai nommé les Blogauteurs. Si ici les réactions ont été tout à fait correctes, voire, aimables, il en a été autrement sur cet autre support. La polémique a pris comme amadou au soleil et je me suis trouvé cloué au pilori des contempteurs ronchons de ce chef d’œuvre frappé du sceau inaltérable du plus grand prix littéraire français. Je cite l'une des attaques les plus frontales : "c'est de la pure chiasse ce billet... le résultat purulent et débilitant d'une diarrhée chronique mal soignée... si je peux me permettre cette allusion que les lecteurs de Littell seuls comprendront... Au programme du prochain billet, auto-fiction : 'Pourquoi être si médisant sous couvert d'un cynisme poujadiste de dessous les fagots?'"
Je l’ai dit et le redis : ce livre je ne l’ai pas lu et ne le lirai probablement pas. Ne revenons pas sur mes raisons. Je souhaitais juste préciser que je ne fais pas partie de ces bêcheurs et ces snobs qui se pincent le nez dès qu’un livre a du succès. Loin de là…
Non ce qui me fiche des boutons et me donne envie de mordre, c’est l’unanimisme totalitaire. Ce climat étrange qui fait qu’un sujet devient intouchable, auréolé, sacré au point que le fait même de ne pas le couvrir d’éloges et d’en refuser la consommation obligatoire est déjà et en soi une atttitude suspecte. En déclarant hier que je me refusais juste à lire ce livre, tout simplement parce que ce n’est pas ma tasse de thé, pas un livre pour moi, c’est un peu comme si j’avais déclaré par avance que je ne regarderai pas la finale de la coupe du monde le 9 juillet dernier. Une espèce de crime de lèse majesté doublé d’une insulte à la nation…
Raison gardons, dis-je donc à ceux qui s’empressent de clouer au pilori les quelques voix qui osent encore s’élever pour pondérer l’hystérie Littel (décidément, c’est Houellebecq qui doit être vert, il n’a jamais créé autant d’émoi !). Car les quelques qui ont osé ne pas s'enthousiasmer par voie de presse se sont vus taxer de tous les pires maux : rabats joie, pisse froids, peines à jouir, coupeurs de cheveux en 24 000, lecteurs sans âme hermétiques à la littérature…
Tout ce que je dis, c’est : ne m’obligez pas à lire un livre qui m’ennuie par avance. Et méfiez-vous des modes que certains prétendent imposer à tous. Même si elles apparaissent porteuses de valeurs nobles. Même s’il s’agit de préserver la grandeur du patrimoine (littéraire) national.
Je me trompe, où ça a commencé comme ça, en 33 ? Rien qu'un livre, rien qu’une mode…
Ah ah, tu m'intéresse et ménage ton susspense, Tom, je suis curieux de voir ta note ;-)
Rédigé par : Fred | 10 novembre 2006 à 19:34
Moi je te soutiens Freddy et je prépare une note assez polémique pour les blogauteurs. J'en suis à 200 pages et déjà un profond malaise s'empare de moi. Le livre est assez captivant mais pas forcément pour de bonnes raisons et c'est ça qui me gène... promis je développe bientôt
Rédigé par : Thomas Clément | 10 novembre 2006 à 10:17
Franchement, moi, j'avais bien apprécié ton coup de gueule. Bien tourné, bien senti. Je ne m'attendais pas à voir autant de réactions.
Tu exprimais un avis sans détruire l'objet de ton discours... puisque tu ne l'as pas lu. Etonnant ces réactions en chaine.
Cela dit, sur le même sujet,je suis totalement d'accord avec Yansor, "la mort est mon métier" est proprement scotchant.
Sinon, hop, au boulot, continue à faire entendre ta voix.
Rédigé par : Benoît Luciani | 09 novembre 2006 à 18:02
Intéressant cette vision anglo-saxonne et dépassionnée de la chose,
merci Tatiana !!
A bientôt
Biz
Rédigé par : Fred | 09 novembre 2006 à 15:33
Eh bien cher (chère ?) Tsquaron, je prends acte de vos regrets concernant la forme et ne peux qu'abonder dans votre sens sur le fond : je ne suis pas près d'arrêter de dire des âneries à tort et à travers, il n'y a pour moi que la mauvaise foi et l'absurdité pour donner un peu de vie à ce monde.
Désolé que - une fois de plus- nous ne partagions pas ce goût-là...
Rédigé par : Fred | 09 novembre 2006 à 15:27
fred, un article interessant :
http://www.nextbook.org/cultural/feature.html?id=453
Rédigé par : Account Deleted | 09 novembre 2006 à 14:24
C'est marrant, FP, que vous me classiez d'autorité dans la catégorie des défenseurs acharnés du Littell, de ces thuriféraires qui vous poursuivent jour et nuit afin que vous lisiez ce livre, aimiez ce livre, chérissiez ce livre, et ce, malgré vous, malgré vos goûts, malgré tous les autres livres de la rentrée 2006, alors que je n’ai fait que réagir – il est vrai un peu trop violemment, ce dont je m’empresse une fois encore de m’excuser (mais la bile que voulez-vous, faut qu’elle « purule » de quelque part) – au fait que vous avanciez, à mon sens, des âneries en lieu et place d’arguments pour justifier le fait que vous vous refusiez à lire les Bienveillantes (pléthore de livre sur la Shoah – alors qu’excusez moi, des histoires d’amour à l’eau de rose, il y en a bien plus, à tel point que c’en devient soporifique, pourtant on en lit et en lira encore – utilisation d’un nègre, etc.). En fait, ça me fait chier de me justifier, mais cela est nécessaire pour pouvoir ajouter ceci : ce qui me paraît le plus insidieux, le plus sournois, dans vos deux billets soit disant coup de gueule concernant le Goncourt, c’est d’une part, ce jugement négatif (qui transpire à travers votre pose), essentiellement basé sur la rumeur, porté sur un livre que vous n’avez pas lu et n’avez pas l’intention de lire, et d’autre part, cet effet, de plus en plus répandu, du non-événement (je n’ai rien fait et je ne ferai rien), du pétard mouillé infantile : ce besoin de ne rien dire, ou de bavarder dans le vide, sous couvert d’une attitude de probité qui n’attend que la postérité pour devenir légendaire. Puis enfin ce qui me paraît dérisoire, c’est cette impression d’être l’objet d’un complot qui viserait à vous museler ou vous forcerait à tonner haut et fort que le Littell est génial. Personnellement, je me fous bien de savoir si ce livre est une merveille ou une sous merde au yeux du public ou aux yeux d’un cénacle littéraire de pacotille. Je ne le défendrais pas, je ne le descendrais pas, je n’inciterais personne à le lire ou à l’apprécier, je n’inviterais non plus personne à le brûler. J’ai un jugement sans doute proche de celui de clopine (et de celui d’autres qui en ont déjà fait étalage ailleurs), mais je n’ai rien de plus à en dire, donc je me tais sur ce point, d’autant plus que cela ne vous intéresse nullement, si j’ai bien compris. Par contre, je commente viscéralement le genre de billet que vous diffusez (c’est un peu la règle du jeu, vous offrez de la matière en pâture, on peut y réagir de toutes les manières possibles, bonnes ou mauvaises), parce qu’il y a des moments où j’aime mettre les mains dans le cambouis. Pour le reste, vous avez raison, ce n’était pas malin d’être si catégorique. Voilà pour un des « contempteurs ronchons » de vos productions, et non du Littell.
Rédigé par : tsquaron | 09 novembre 2006 à 10:19
Un article hier dans le monde ou libé ou je ne sais plus quel grand canard titrait sur "le canular de Litell" car, expliquait un prof de paris IV, le livre est bourré d'erreurs historiques...
Donc lisez plutôt "la mort est mon métier" ou "la part de l'autre" qui ne prétendent pas à la réalité et qui sont plutôt exacts historiquement parlant.
Rédigé par : Justine Miso. | 09 novembre 2006 à 10:16
hey fred, tu appelles ça un coup de gueule ?? lol biz
Rédigé par : Account Deleted | 08 novembre 2006 à 19:39
Bon ça prouve juste qu'aucun livre ne saurait être universel, ce dont je suis persuadé et qui me rassure plutôt. Je me méfie comme d'un guigne de l'universalité (même celle du génie ou du bon goût)... ;-)
Biz
Rédigé par : Fred | 08 novembre 2006 à 18:45
Ah, au moins ce coup de gueule m'aura valu ta présence ici ;-)
1- la rapport avec le Goncourt c'est que ce livre l'a obtenu et que avant cette "conclusion", il était devenu quasiment impératif de le lire, non pas juste parce c'était un "bon" livre, mais parce qu'il ap^portait soi-disant un éclairage inédit sur les faits relatés... alors même, comme tu le rappelles très justement, il y a bien d'autres oeuvres majeures sur le sujet
2- comme tu l'as justement soulevé également, je ne faisais qu'exprimer mes goûts (est-ce mal ?) par opposition à ceux que l'unanimisme ambiant cherche à m'imposer. Donc non les livres qui exploitent lhistoire n'ont rien à se reprocher, là n'est pas le propos. Je dis juste que 1/ ils m'intéressent peu 2/ ils m'intéressent éventuellement quand ils cherchent à "reconstruire", déformer, revisiter, et non pas quand leur plus grande qualité semble être une supposée précision et fidélité aux faits. Mais une fois encore je ne fais qu'exprimer un goût, et plaider pour al liberté de l'exercer, sans passer pour autant pour un rustre...
... et apparemment, ces jours-ci il semble qu'on en soit un si l'ons e refuse à lire le Littel ! ;-)
PS : sur la rumeur de réécriture, elle est très persistante mais, sur ce point je souscrit et admets mon erreur coupable : ce n'est qu'une rumeur...
Bizzz
Rédigé par : Fred | 08 novembre 2006 à 18:41
fred; je precise que je n'ai pas lu le Littel, jamais pu rentrer dedans !
Rédigé par : Account Deleted | 08 novembre 2006 à 18:32
Dear Fred,
Moi aussi je suis un peu étonnée par tout ce foin...
Tu as parfaitement le droit de ne pas vouloir lire un livre.
Mais je suis surprise que tu puisses écrire ceci :
"Parce que dès livres sur la Shoah, même vue de l’intérieur, il y en a des wagons si on me pardonne cette facilité de langage mal placée, et que même avec tout le génie littéraire qu’on lui prête, cet auteur ne saura pas me convaincre qu’il fera plus bouleversant que le récit des rescapés. Il y a certains sujets qui sont irréductibles à la littérature... "
Premierement, quel rapport avec le Goncourt ?
Deuxièmement :
Que dire alors de "Sophie's Choice" de Styron ? de "Suite Française" de Nemirovsky ? de "le Non de Klara" ? de Lutetia d' Assouline, de la Cliente, d'Assouline ? et d'autres ?
Des livres superflus, d'après toi, parce que ce sont des romans ? et pas "l'Histoire" ?
Je suis étonnée aussi par ce que tu écris ici :
"Ce que j'attend de la littérature c'est qu'elle crée des mondes nouveaux, pas qu'elle m'ouvre la cave puante des anciens. On me parlera de "devoir de mémoire", ce à quoi je souscrits... mais pas en littérature. La littérature n'est pas l'Histoire, elle n'est tenue à aucune précision, elle est "révisionniste" par essence, et c'est cela qui nous transporte. Pas le compte rendu scrupuleux de ce qui a été, de triste mémoire..."
Qu'attends tu alors de la littérature ? qu'elle ne se tourne que vers le futur ? qu'elle n'ose jamais ouvrir les boites de Pandore du passé parce que ce qu'il y a dedans risque de te choquer ? parce que les romans ça ne devrait pas parler pas du passé, d'après toi ?
Et, last but not least, d'où tiens-tu que Littel n'aurait pas ecrit son livre ?
Je te cite :
"Parce qu’il semblerait furieusement que ce type soit un imposteur et que le nègre qui a donné corps à sa copie aurait dû recevoir la moitié du prix (et des droits d’auteur du carton actuel). "
Bien à toi, j'attends que tu éclaires ma lanterne,
ta consoeur ;)
Rédigé par : Account Deleted | 08 novembre 2006 à 18:22
Non non Clopine, rassurez-vous, vous n'êtes pas en cause, votre long commentaire était tout à fait correct, argumenté et intéressant, aucun souci entre nous ;-)
Rédigé par : Fred | 08 novembre 2006 à 17:55
Je voudrais dire que l'attaque dont vous avez fait l'objet et que vous rapportez ici , Monsieur Ploton, n'étant constituée que d'insultes gratuites et ne contenant aucun argument, il n'est pas même pas utile de la combattre. Elle s'autodétruit plus facilement qu'un message de misson impossible.
Par contre, si dans mon trop long message qui avouait ma fascination pour l'ouvrage de Littell (j'ai en effet été incapable de le quitter avant de l'avoir fini), mon admiration pour l'érudition de l'auteur et les mulitples interrogations que cet ouvrage soulève chez moi, je vous ai blessé en quoi que ce soit, sachez bien que telle n'était pas mon intention.
Vous exercez la plus légitime les libertés.
Je ne vois pas trop en quoi j'ai été incorrecte avec vous (après tout,si c'est votre droit de ne pas vouloir goûter un plat, c'en est un autre de tenter de vous en décrire la saveur, non ?) mais vous paraissez vraiment blessé, ce dont je suis désolée.
Voulez-vous supprimer mes deux messages sur blogauteur ? Je vous en donne bien volontiers l'autorisation, si ça peut "vous remettre".
Clopine Trouillefou, un peu dépassée par la tournure que prennent les événements, là.
Rédigé par : Clopine Trouillefou | 08 novembre 2006 à 17:37
Juste avant d'aller dodotter, je précise que si j'ai reposé le livre sans accrocher ce n'est pas à cause du sujet ... petite-fille de déporté résistant les camps me parlent beaucoup... héritage familial. Mais sur cette façon de présenter là ... je n'ai pas accroché... De la fiction et de l'émotion ? Je ne peux le dire Mais cela n'a pas fait tilt. Et si c'est un livre ... ce ne sera pas celui-là.
Rédigé par : Claire | 08 novembre 2006 à 03:37
:) Ahh enfin un !! Enfin une personne qui dit ce qu'elle pense : ) Et bien moi je le dis depuis longtemps et cela fera plus d'émoi à Houellebecq : je n'aime pas H. mais comme toutes les personnes à qui j'ai posé honnêtement la question ! Chacun est libre d'aimer ou pas les roses, le chocolat, Houellebecq, les arachides ou le riz gluant. Toute personne qui me dira que j'ai tort aura raison ... A ses yeux à elle j'ai tort ! Et c'est ainsi que va le monde depuis la nuit des temps : ) les incompréhensions de ces hommes singes qui veulent encore être roi de la jungle et donc ne laissent pas aux autres le droit de remettre en cause leurs croyances : ) Rien de plus ! Donc pour les Bienveillantes tu as raison de penser ce que tu penses. Si cela peut te rassurer, j'ai lu la 4ème de couv et je l'ai reposé, dignement, laissant à quelqu'un d'autre le choix d'acheter cet exemplaire ... Et pourtant si tu savais ce que le mot "Bienveillance" est mon sujet en ce moment .. en pleine finalisation de mon mémoire .. qui parle notamment d'empathie, bienveillance, d'être au monde, etc ... Bref je ne te jette pas la pierre, Frédéric, je laisse ce rôle à ceux qui n'ont pas d'autres choix que cela, pour ne pas se remettre en question,... Ne pas toucher aux croyances des borderline ... surtout pas ! Mais bon je ne vais pas te parler de mes valeurs et croyances ce n'est ni le lieu ni le moment See U
Rédigé par : Claire | 08 novembre 2006 à 01:58