Eh
bien voilà, à force de multiplier les appels, un jeune apprenti auteur s'est
manifesté et a accepté de livrer ici, sur ce blog, le fruit de ses dernières
insomnies. Bravo et merci à Sébastien, alias Erogène, dont je retranscris ici (
sans modifications) le texte, in extenso Evidemment ce texte bucolo-bukowskien n'engage
que son auteur, et vos réactions (à lui destinées) sont les bienvenues ;-)
SALOPERIE DE MASSIF CENTRAL
"J'étais planté en plein
milieu de la France, juste au bord de cette saloperie de massif central, le
soleil me tombait droit sur la tronche et cette nana commençait à me courir
sérieux. Je lui avais bien, un soir, planté quelques tiges de coquelicots dans
le trou du cul, et c'était chouette, vraiment, sous la lune, son cul blanc
transformé en pot de fleur, mais à pars ça, pas grand chose. Elle me rendait
malade. Malade des nerfs.
toute la journée je tournais
tel un fauve autour de la tente, je grimpais un chemin foireux et plein de
caillasses, j'en descendais un autre tout aussi chiant, et rien à foutre qu'à
l'écouter déblatérer sur les relations merdiques qu'elle entretenait avec son
père. J'avais qu'une envie: rentrer sur paname. Et vite. La nature me bouffait
tout cru. la nature me ravageait, en grand, telle cette bon dieu de rivière qui
coulait à nos pieds et qui ne servait à rien d'autre qu'à me bousiller le
sommeil, parce que putain, impossible d'y plonger l'orteil, ça descendait tout
droit des montagnes, et c'était gelé été comme hiver, et merde!
Le troisième jour, j'ai pas cousu dans la
dentelle, du tout. Elle est montée faire des courses au village et j'en ai
profité pour démonter la tente en deux temps trois mouvements... enfin non, je
veux dire que j'ai explosé la tente à grands coups de lattes, fait mon sac, et
puis je me suis tiré par la grand route. Mais c'était pas une solution. Au bout
de 3 kilomètres
,
j'ai commencé à transpirer sévère. Le ciel me fondait sur le haut du crâne et
pas la moindre ville en vue, encore moins une gare. J'étais lessivé, au bord de
la défaillance. J'ai
pensé à Bukowski, John Fante, Djian, et d'autres, j'ai pensé que oui, c'était
foutu, bel et bien foutu, des grands écrivains, y'en aurait plus jamais, ça m'a
soudain sauté aux yeux, plus vrai que nature, la littérature c'était pris ça
dans le fion façon Terminator, ce torrent de merde qu'on nous injectait tous
les jours dans les yeux, il avait tellement enflé, tellement grossi depuis
disons, disons le disco, qu'on roulait dans la vie comme des galets pourris au
fond d'une vague géante.
J'ai pas poussé plus loin, j'ai fait demi-tour. J'ai retrouvé la tente telle que je l'avais
laissée. Explosée. je l'ai remontée vite fait et je me suis posé devant
l'entrée. Je me suis dit que j'allais pas faire comme tous ces cons, je me suis
dit que j'allais pas écrire un roman, je me suis dit que j'allais tenter
aut'chose. un truc du genre qui se lit entre deux rames de métro. Ouais,
c'était ça la solution.
Transformer toute cette
putain de littérature en bonbons Haribo.
J'ai aperçu Hélène qui descendait la rue,
tout sourire, un sac de bouffe dans chaque main. C'était plutôt une belle nana.
Avec des seins, avec des hanches, avec quelque chose de chouette au fond des
yeux. Avec des cheveux rose punk. J'avais de la chance, ouais, une veine du
tonnerre de dieu, nom de dieu!"
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