MON CLAVIER CONTRE UN CRAYON

J’ ai passé une partie de matinée à jeter un œil à la crème des BD-Blogs français, après avoir feuilleté le premier BD Blog porté sur papier, celui du désormais célèbre Frantico. Pourquoi n’ai-je donc pas appris à crayonner plutôt que scribouiller ? Franchement ? En quelques cases, en quelques strips, ces gus-là (et gazelles, désolé mesdemoiselles) en disent plus que nous, pauvres romanciers, en plusieurs centaines de pages. J’envie leur humour, leur art de la synthèse, les chutes souvent imparables. Enfin, il semblerait que leur difficulté à se faire éditer dans des conditions décentes soient à peu égales aux nôtres. Alors... Même mépris, mêmes vexations, même dilution dans le talent des autres. Je suis stupéfait de voir combien de dessinateurs sont réellement talentueux. Il en va de même en littérature. Vous avez remarqué ? C’est terrible tous ces anonymes qui écrivent comme des dieux ! Comment voulez-vous briller avec cette syntaxe impeccable qui déboule de partout ? 80% au Bac moi je vous le dis, ça n’a pas que du bon... Et puis tous ces intellos précaires, diplômés jusqu’à la nausée et qui n’en foutent pas une de leur journée, que font-ils à votre avis. Ils écrivent ! Ils écrivent ces damnés ! Alors que faire ? S’inventer du génie (ça se saurait) ? Ne plus écrire ou ne plus dessiner ? Ecrire mal... tiens oui, écrire mal, ça se tient ça. Avec un peu de chance on me prendra pour un pauv’ petit gars méritant qui a appris à lire en écrivant ses mémoires. Je passerai dans les 5 dernières minutes du 13h et Elise Lucet me demandera comment ça fait d’écrire aussi mal. On m’invitera dans les collèges de  ZEP pour témoigner. « Vous aussi, vous aussi vous pouvez écrire n’importe comment et être publié ». Une télé me proposera de présenter la « Plume Academy ». On invitera Marc Levy pour donner les cours de littérature générale et Guillaume Durant expliquera aux élèves comment avoir l’attitude justement subversive dans les émissions littéraires. Non vraiment c’est décidé. Dès demain j’écris comme un porc. J’appelle Dali pour qu’il me rende mon manuscrit et que je rechie ça à la truelle.