Entrez donc dans ma cuisine, celle de mon roman. Les lecteurs ne le perçoivent généralement pas, une fois leurs 400 pages en main. Mais un roman c’est un chantier, un édifice en constants travaux. Si l’éditeur pouvait aller corriger tel ou tel détail dans l’exemplaire que vous lisez, croyez-moi, il le ferait. Choisir un titre, un visuel de couverture, parfois même un nom (un pseudo), tout cela fait l’objet de discussions sans fin... Et je n’en suis qu’au tout début. Nous sommes à 6 mois de la sortie et les débats commencent tout juste. Une grande séance hier et déjà quelques désillusions. Si... Adieu ce titre bref et percutant. Adieu ces créations modernes et accrocheuses. « Un roman mon cher, c’est une forme classique ». Va falloir vous y faire. Qui parle ? Dali. Pas le peintre mais juste Dali. L’éminence grise de cette respectable maison. Le grand gourou. Sans titre ni statut. « Dali, quoi » m’a-t-on dit en guise de présentations. Toutes les maisons ont le leur, a-t-on ajouté. Il change parfois de nom mais partout il sévit. Gardien du temple, grand prêtre, il a toute les fonctions et aucun rôle particulier. Dali sait tout, il a tout vu. Mais il parle peu. Ses interventions sont des sentences. Alors j’ai fait comme tout le monde, j’ai dit Amen...
La première fois que j’ai aperçu Dali, de dos, j’ai cru qu’il
s’agissait d’une femme. Celle chevelure, cette hanche décalée, cette main fine
et soignée posée sur le photocopieur. Non, de face c’est un homme. Une
moustache fine à
la littérature. Enfin,
je vous reparlerai de Dali. Et à défaut de vous le montrer (« Une photo,
tu n’y penses pas mon chéri ! »), voici les créations qu’il a
sacrifié sur l’autel de l’efficacité.
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