Travailler pour l’édition est parfois plus efficace que la plus radicale des psychothérapies. On y apprend notamment à ne SURTOUT PAS sur-interpréter les signes. Ainsi, l’absence de nouvelles (même lorsqu’elles sont attendues, car promises)... ne veut simplement rien dire. Ni good ni bad. Juste pas de news.
Depuis les derniers échanges de mail avec Dali, l’opacité la plus totale est donc retombée sur les délibérations concernants la « couv » de mon roman. Ont-elles eu lieu ? Qui y prenait part ? Ont-elles abouties à quelque chose ? Quand m’en tiendra-t-on informé ? Aurai-je l’occasion d’en rediscuter avec la direction ? On se doute bien que pas une seule réponse à l’une de ces questions ne m’a été apportée.
Je n’interprète donc pas. Non ça ne veut pas forcément dire qu’aucune des pistes présentées ne sera retenue. Non je ne passe pas pour un emmerdeur (plutôt moins que les autres auteurs – je me demande même si, quelque part caché dans les bureaux, il n’y a pas un Emmerdoromètre pour évaluer la pénibilité pugnace des auteurs). Non on sen se fâchera pas pour si peu. Non, trois fois non. Toute l’édition fonctionne ainsi. Sur le non dit, et le fait que l’on ne dise jamais non. Le non non-dit. « Peut-être », « écoute c’est pas fait mais j’y crois », « faut qu’on travaille encore », « y’a des choses, y’a des choses », « on va y arriver », voilà quelques-uns des multiples synonymes des trois lettres. Faut croire qu’on a le temps, dans l’édition, car on ne fait pas dans l’économie de moyens oratoires.
Bref, je n’interprète pas. J’apprends à attendre. Une prouesse pour moi. Depuis deux mois, un autre éditeur me tient ainsi en suspens pour un autre texte. Je n’ose pas dire en haleine car l’expression sous-entend une vitesse tout à fait absente du cas présent. Premier coup de fil enthousiaste, décision imminente. Puis rappel de ma part. Gêne légère, promesse de réponse. Plus rien depuis. Pas même la lettre standard (« Malgré les qualités évidentes de votre texte, machin chose, lala lalère, blablabla »). J’aimerais bien une lettre standard, moi... d’autant que celle-là manque à ma collec. S’il vous plait, une petite lettre standard !! Please !!! L’éditeur est bien de la même race que le psy : il prend toujours la parole quand on en a le moins besoin et pour aborder les sujets qui nous semblent les plus accessoires.
J'attends le jour où le mien me demandera 100 € pour sa peine...
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